« Chaque tonne de terre emportée représente une perte de matière organique et de nutriments, indispensables à la croissance des cultures. Un agriculteur préfère garder sa terre dans son champ plutôt que de la voir finir dans les cours d’eau, sur la route ou dans les villages voisins », explique Anthony Carneau, conseiller érosion à la Chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. Les conséquences pour les collectivités sont tout aussi dramatiques. Les coulées de boue, provoquées par le ruissellement, endommagent le milieu naturel, les infrastructures routières, inondent parfois les habitations et peuvent même causer des accidents. Chaque année, des incidents liés aux coulées de boue viennent rappeler l’urgence de solutions concertées pour réduire les impacts de l’érosion. « L’érosion, ce n’est pas juste un problème de parcelle, c’est un enjeu de territoire. Une approche globale, à l’échelle du bassin versant, est nécessaire pour obtenir des résultats durables » et de poursuivre « lutter contre l’érosion, c’est un travail collectif ; chaque acteur du territoire, de l’amont à l’aval, doit participer pour que les mesures soient réellement efficaces ».
Quelles solutions ?
Des solutions de « gestion douce » peuvent alors être envisagées : l’implantation de bandes enherbées, l’agriculture de conservation des sols (ACS) et la mise en place de fascines et de haies. Julien Senez, pionnier de l’ACS dans la Marne apportera son témoignage et ses conseils, le 7 novembre, lors d’une intervention le matin puis directement sur les ateliers de l’après-midi. « L’ACS repose sur trois piliers : la couverture du sol, les rotations des cultures et la réduction du travail du sol. Avec une couverture végétale permanente, le sol est protégé de l’impact direct des précipitations, ce qui limite l’érosion » détaille Anthony Carneau. Mais attention, même avec des pratiques adaptées, il y a des limites : une pluie très intense entraînera toujours de l’eau et de la terre en aval. C’est pourquoi des aménagements hydrauliques complémentaires sont nécessaires.
Les « assolements concertés » sont testés sur les territoires de Conchil-le-Temple et de Boubers-sur-Canche, où plusieurs agriculteurs alternent leurs cultures et installent des bandes enherbées ou du miscanthus en bas de parcelles pour freiner le ruissellement. L’érosion reste un phénomène complexe qui exige une approche de long terme. Les bénéfices des pratiques agronomiques ne sont souvent visibles qu’après plusieurs années, comme pour les haies, dont l’efficacité n’est optimale qu’après plusieurs saisons de croissance. Il en va de même pour les ouvrages d’hydraulique douce : si leur installation est rapide, leur impact s’observe réellement sur le moyen terme. Les agriculteurs, confrontés à des enjeux économiques pressants, peuvent hésiter face à cet investissement de temps et de ressources qui s’avère pourtant capital.
S’informer, s’entourer et participer
L’une des questions récurrentes pour les agriculteurs est de savoir par où commencer pour réduire les phénomènes d’érosion. « Il ne faut pas hésiter à solliciter les conseillers Chambre établis sur les différents secteurs, ils sauront orienter et accompagner », conseille l’ingénieur agronome. Autre solution, pour avoir une meilleure visibilité du champ des possibles, participez aux journées techniques. Par son approche concrète et ses exemples locaux, le rendez-vous technique du 7 novembre se veut être un moment essentiel pour s’informer, échanger et maîtriser les dispositifs de soutien et de financement disponibles. « Les professionnels pourront examiner, les résultats des essais liés à l’implantation de couverts végétaux intercultures et l’installation de fascines, qui créent des barrières naturelles et favorisent l’infiltration de l’eau. Un dispositif de ruissellement, installé sur la parcelle, permettra d’observer concrètement la différence entre un sol couvert et un sol nu face aux intempéries. Ce type de démonstration, peu fréquent, permet de visualiser l’impact direct des pratiques sur l’érosion » conclut l’expert.
Conseillers techniques, experts, agriculteurs engagés dans des démarches innovantes et collectivités…Tous seront présents pour faire un état des lieux des solutions existantes et celles prometteuses. Deux temps forts sont prévus : 13h30 / 17h : Confrontation des solutions au champ
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